Souvenirs de parvenue _____________________ Paroles de Georges Brassens (1943) Préfigure "Le mauvais sujet repenti" (1952) Ici sur la musique de "Le mauvais sujet repenti" Régulièr'ment sur mon trottoir, Dans mon av'nue, J' faisais la r'tap' sans fair' d'histoir', Quand t'étais v'nue Piocher su' l' bout d' terrain privé Qu' j'avais d' ma mère. Et forcément, j'avais trouvé La chose amère. J'allais te fout' mon pied dans l' cul Comm' ça s' pratique, Quand t'abordas un pauv' cocu Apoplectique. À ta façon d'y dir': «Mon rat, Est-c' que j' te tente? », Je compris qu' j'avais affaire à Une débutante. T'avais l' don, c'est vrai, j'en conviens, T'avais l' génie. Mais sans technique, un don, c' n'est rien Qu'un' sal' manie. Y en a qui croient qu'on s' fait putain Comm' on s' fait nonne. Ces croyants-là, c'est des crétins, Dieu leur pardonne. Je décidai sans plus d' façon D'êt' ta marraine, De fair' de toi en quat' leçons Un' vraie, un' reine. Mais il fallut qu'en plein devoir J' m'interrompisse, Car il s'était mis à pleuvoir Comm' vach' qui pisse. Je nous revois encore à poil Au bar du Comte, Nous chauffant l' cul devant un poêl' Tout roug's de honte. On tenait des propos malsains, Ah! qu' c'était drôle! Et puis l'on s' tripotait les seins À tour de rôle. Le lend'main soir t'entras en grand Dans mon estime En te faisant huit cent quinze francs Et trent' centimes. Et comm' j'avais déjà l' béguin Pour ta p'tit' gueule, Je n' voulus pas t' laisser ton gain Pour toi tout' seule. J' devins alors comm' qui dirait Ta mèr' maqu'relle. Tu d'vins mon bien, mon intérêt, Ma p'tit' saut'relle. On s'aida mutuellement, Comm' dit l' poète. Tu fus le corps, naturellement, Et moi la tête. Quand tu n' rapportais pas d' pognon, Les jours d' paresse, C'est moi-même qui t' flanquais des gnons Avec tendresse. Te souviendrait-il encor' du Bidet d'hygiène Avec lequel j'avais fendu Ta boît' crânienne? Si tu m'avais été fidèl', Ma pauvre amie, Tu n'essuierais pas du bordel Les infamies. Paraît qu' t'es la môme d'un bourrin. Quelle indécence! Tu mérit'rais qu'on t' cass' les reins Sans réticence. Mais j' te pardonne, car c'est au fond À ta plastique Que j' dois c' que j'ai: mes terres, mes fonds, Mes domestiques. Il m'est plaisant d' me figurer Que chaque pierre R'présent' chaqu' coup que t'as tiré Ta jarretière.